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Juillet 2020 – juillet 2021 : tentative de bilan d’une première année de mandat

  • Photo du rédacteur: Tristan Foveau
    Tristan Foveau
  • 27 juil. 2021
  • 10 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 juil. 2021

La période estivale libère un peu de temps dans les agendas et permet le loisir de revenir sur l’année écoulée. Ce mois de juillet correspond, fruit de la crise du COVID et du décalage du 2nd tour des élections municipales de 2020, au 1er anniversaire de l’installation de la majorité de François Cuillandre à la ville de Brest et à Brest métropole.


Un an donc, le 10 juillet, que François Cuillandre et mes collègues élus de la majorité métropolitaine m’ont accordé leur confiance dans le pilotage de deux politiques publiques : la gestion des déchets et les opérateurs d’énergie.


Un an de découverte de deux services importants de Brest métropole, d’appréhension accélérée de sujets techniques et politiques, de travail de fond, de réflexion, etc.


1. Sur le plan purement comptable, en tant que conseiller municipal et métropolitain, cela donne notamment (liste non exhaustive) 7 conseils municipaux, 7 conseils de métropole, 5 réunions du bureau de la métropole et 16 réunions des commissions (ville, métropole et bureau de la métropole), mais également 6 conseils d’administration du collège et du lycée de l’Iroise, un stage de citoyenneté pour mineurs, 5 mariages, etc.


En tant que vice-président, ce sont encore 6 comités du SYMEED (le syndicat départemental des déchets), 4 assemblées générales et conseils d’administration d’Ener’gence (agence de l’énergie et du climat du pays de Brest), 4 CA de Brest métropole aménagement, 3 CA de Sotraval (notre société de traitement et de valorisation des déchets). J’ai également présidé 4 conférences du pôle énergie Bretagne (entente des 4 syndicats d’énergie de Bretagne et de Brest métropole), 3 commissions consultatives des abonnés des réseaux de chaleur de Brest et Plougastel ou encore 5 commissions consultatives des services publics locaux.


Tout cela sans compter, évidemment, d’innombrables réunions de majorité, de groupes de travail, de comités de pilotage, des rencontres avec les acteurs des déchets et de l’énergie, des visites d’entreprises et d’associations (Recycleurs bretons, Guyot environnement, Recom Sillia à Lannion, Emmaüs, Vert le Jardin, Un peu d’R, etc.) ainsi que, sur un plan plus personnel, une campagne départementale en tant que suppléant d’Hosny Trabelsi à Brest Saint Marc/Kérichen, une quinzaine d’heures de travaux dirigés à l’UBO, une trentaine d’heures de préparation aux concours de Sciences Po pour des lycéens, des tribunes publiées ici, ici, ici ou encore (toutes disponibles sur le présent blog) et accessoirement… un métier dans le conseil qui occupe encore la moitié de mon temps.


Une année riche et active, donc, malgré les confinements successifs.


Mais, au-delà du bilan comptable, il me semble intéressant de partager les sujets de fond qui m’ont occupé et la tonalité que j’ai essayé de donner à cette première année, sur chacune de mes deux délégations.


2. En matière de politique énergétique et de développement des énergies renouvelables (ENR) sur le territoire, une conviction : les résultats en la matière dépendent pour partie des acteurs publics, pour partie des acteurs économiques et pour partie des citoyens.


Par ailleurs, notre action s’inscrit dans un cadre national, voire international : les accords de Paris, la stratégie nationale bas carbone (SNBC), la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), avec notamment comme objectif à 2050 d’atteindre la neutralité carbone. La déclinaison locale de ces objectifs est traduite dans notre plan climat.


La métropole doit donc assurer un rôle d’animation d’un pacte collectif de transition énergétique. Notre politique énergétique doit également composer avec certaines spécificités du territoire :

  • notre situation de péninsule énergétique (nous sommes en bout de réseau électrique et nous produisons en propre très peu d’énergie (environ 15%) par rapport à notre consommation),

  • des contraintes liées à notre milieu urbain (potentiel limité de développement de l’éolien ou de la méthanisation),

  • des contraintes spécifiques (présence d’installations militaires et de radars qui interdisent le développement de l’éolien).

Ces éléments contraignent nos potentiels de production d’ENR, que ce soit l’éolien (en raison de la présence de radars et d’habitations), la méthanisation des déchets (complexe à mettre en œuvre à cette échelle urbaine), la récupération d’énergie fatale (faible potentiel et faible intérêt des entreprises sollicitées) ou encore les centrales photovoltaïques au sol (peu de réserves foncières sur la métropole).


En vérité, le principal levier d’énergie renouvelable et de récupération (ENRR) de Brest métropole à ce jour, c’est notre réseau de chaleur, alimenté par notre unité de valorisation énergétique des déchets (UVED) au Spernot et par une chaufferie bois.


C’est pour cette raison que Brest appuie depuis 10 ans une stratégie de développement très volontariste : 40 000 MWh d’énergie valorisée en plus sur cette période, plus de 20M d’euros d’investissements, une innovation nationale avec le miroir des énergies (qui permet le stockage de chaleur), unique en France. Notre réseau dépasse aujourd'hui les 50 km. Cette année, nous l’étendons sur 3 quartiers de Brest (Brest centre, Saint-Marc et Lambézellec) et accueillons de nouveaux abonnés importants, comme par exemple l’Hôpital d’instruction des Armées Clermont-Tonnerre. Tous ces travaux ont représenté un investissement de près de 4 millions d’euros pour 4km d'extension.


Au-delà des ENR centralisées, le principal secteur de développement est celui des ENR qu’on appelle « diffuses » (développées à l’échelle d’un bâtiment, d’une parcelle ou de quelques îlots), et en particulier le solaire thermique et photovoltaïque (en toitures et en ombrières de parking). Notre cadastre solaire (disponible ici) évalue le potentiel de ce solaire (150 MWc en 2050 si 1/3 des toitures jugées pertinentes en raison de leur orientation et inclinaison sont équipées). Nous appuyons ce développement du solaire photovoltaïque en y consacrant des budgets conséquents à la ville comme à la métropole afin de favoriser les installations lors de rénovations de toitures, de créer des ombrières de parking, et de poursuivre les aides aux particuliers dans le cadre de Tinergie Solaire.


Ma délégation à l’énergie comprend aussi le suivi des relations avec nos délégataires en matière de gaz et d’électricité, GRDF et ENEDIS. Ce sujet des réseaux est central dans la réalisation de nos objectifs en matière de transition énergétique : la traduction concrète des objectifs de la PPE comme de la SNBC (diversification du mix énergétique,…) repose sur le rôle pivot qu’occupe en particulier le réseau public de distribution d’électricité : 95% de la production d’ENR passe par lui et il assure également la sécurité d’approvisionnement de tous les territoires. Dans ce cadre, le rôle des réseaux et la place des innovations sont clefs pour préparer le futur de notre mix énergétique.


Brest métropole a juridiquement l’obligation d’assurer le contrôle des concessions Enedis et GRDF sur son territoire. Cela permet de bénéficier de relations suivies et constructives avec Enedis et GRDF afin de favoriser la mise en œuvre du mix énergétique local promu par la collectivité (solaire, articulation réseau de chaleur/réseau gaz) et de développer l’usage des données (suivi de l’évolution des consommations énergétiques du territoire, par types d’usage, etc.).


2021 est l’année du renouvellement de la concession de la distribution de gaz. Ces négociations exigeantes avec GRDF nous ont fortement mobilisés. Le gaz – première énergie consommée sur la métropole devant l’électricité – présente l’avantage d’être d’une grande flexibilité d’utilisation (chauffage, mobilité, process industriels, etc.) et pourrait ainsi garder une place au cœur de la transition énergétique dans l’objectif de diminuer les énergies fossiles (comme par exemple dans le cadre des opérations de substitutions fioul/gaz portées par GRDF sur la rive droite avec l’appui de la collectivité).


Enfin, nous restons en veille permanente en matière d’innovation dans les services autour de l’énergie : projet Smart grid à « petite échelle » sur les Capucins et mise en œuvre d’une plateforme des données de consommation et de production d’énergie avec l’appui de l’entreprise Schneider Electric, soutien à la démarche d’achat d’électricité en circuit court porté par l’entreprise Selfee, déploiement de la solution d’effacement des consommations résidentielles avec Voltalis, etc.


La démarche de Brest métropole quant à la structuration d’une filière de production d’hydrogène vert sur le territoire s’inscrit également dans ce cadre. A horizon 2050, RTE juge que les scénarios de mix électrique reposant exclusivement ou très majoritairement sur les ENR devront nécessairement s’appuyer sur du stockage. Dans ces cas de figure, l’hydrogène constituerait une option à considérer, malgré son faible rendement énergétique (entre 25% et 35% selon les technologies actuelles). Les réflexions de Brest métropole à ce sujet sont liminaires et se poursuivent afin d’étudier finement les potentialités de développement de cette filière sur le territoire (en matière de transition énergétique, d’emploi, d’innovation territoriale, etc.) ainsi que les écueils induits à l’heure actuelle par le vecteur énergétique que constitue l’hydrogène (modèle économique, capacité à disposer d’une production d’électricité renouvelable suffisamment robuste pour produire de l’hydrogène, usages éventuels, etc.).


En conclusion sur l’énergie, il est important de noter que le domaine est très rapidement évolutif, sur les plans réglementaire, technique, économique, ou au niveau des financements publics. Dans ce contexte, l’approche ne peut pas être figée et doit s’ajuster en fonction des évolutions, des retours d’expérience des territoires et des opportunités.


Une constante : la contrainte de moyens que la collectivité peut affecter à cette politique. Deux principes guident donc nos orientations :

  • Inscrire la politique énergétique dans un écosystème d’acteurs (partenaires financiers, délégataires, entreprises, citoyens, etc). La collectivité ne peut pas tout porter en direct. Cela implique d’assumer une approche pragmatique des actions à porter.

  • Avoir une rationalité dans le choix des projets (prise en compte des coûts, des éléments de rentabilité, des gains potentiels en gaz à effet de serre, des externalités positives). Cette recherche de rationalité n’empêche pas de porter des actions moins évidentes économiquement (réhabilitation du bâti, solaire en toiture) dès lors qu’elles présentent des enjeux autres (exemplarité, lutte contre le vieillissement du bâti, mobilisation du territoire...), mais peut justifier une forme de prudence sur d’autres thématiques.

3. En matière de gestion durable des déchets aussi, les réflexions sont allées bon train pendant cette année chahutée. Notre Service Public de Gestion des Déchets fait en effet face à de nouveaux enjeux en matière de réduction des déchets produits sur le territoire et doit répondre à des objectifs réglementaires de plus en plus ambitieux.


La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) affichait déjà plusieurs objectifs, parmi lesquels la réduction de 10% de la quantité de déchets ménagers et assimilés produit par habitant en 2020 par rapport à 2010. Plus récemment, la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire et à l’économie circulaire (AGEC) fixe de nouveaux objectifs de réduction des déchets d'ici 2030 : -15% de déchets ménagers par habitant. Elle précise également un nouveau cadre pour le tri et le traitement des biodéchets avec une obligation de tri à la source des biodéchets au plus tard au 31 décembre 2023 pour tous les producteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris les collectivités territoriales.


A Brest métropole, nous sommes en 2020 et 2021 au rendez-vous de nos obligations. Le principal objectif de réduction de la quantité de déchets est atteint pour 2020 : -11% par rapport à 2010. Toutefois, cette diminution devra être portée à -15% à l’horizon 2030 et cet effort est considérable. En effet, si l’évolution nette des quantités collectées constatée entre 2010 et 2015 reste positive sur les 5 dernières années, la tendance s’essouffle quelque peu. Ces résultats tendent à démontrer que de nouveaux leviers doivent être enclenchés pour redynamiser cette diminution.


En ce qui concerne l’obligation de tri à la source des biodéchets, et si Brest métropole s’appuie déjà sur une politique efficace de gestion de proximité en la matière, les solutions actuellement développées sur le territoire (200 composteurs collectifs, des composteurs individuels mis à disposition, un réseau de guide composteurs-pailleurs efficace) ne permettront pas de se conformer aux exigences réglementaires.


Face à ces constats, j’ai décidé de lancer une réflexion large sur notre service public afin d’identifier des leviers permettant de relancer les performances du territoire et d’atteindre les objectifs fixés. Cette étude sera menée pendant l’année 2021 et permettra d’élaborer un plan d’actions à décliner pendant le reste du mandat.


Cela ne se fera toutefois pas sans l’implication des habitantes et des habitants : Brest métropole s’était engagée, de 2009 à 2014, dans un Programme Local de Prévention des Déchets ayant pour objectif de réduire les ordures ménagères et assimilées. Il a produit une politique ambitieuse, permettant à Brest métropole de bénéficier du label « Territoire Zéro Déchet Zéro Gaspillage » de 2016 à 2018. Les déchets ménagers et assimilés ont ainsi diminué de 10% entre 2010 et 2019. Nous avons voté en décembre 2020 le principe de relancer l’élaboration d’un Plan local de prévention.


Ce programme intitulé « réduisons nos déchets ! » sera l’opportunité de :

  • mener des actions ambitieuses et nécessaires en matière de réduction des déchets à destination des producteurs de déchets ménagers et assimilés,

  • porter des actions exemplaires au sein de la métropole,

  • accentuer la transition vers un modèle d’économie circulaire de gestion des déchets et optimiser les ressources du territoire,

  • développer les dynamiques entre de multiples acteurs : collectivités, associations, citoyens, acteurs économiques.

Ces deux éléments structurants de notre politique de réduction des déchets pour les années à venir (l’étude sur notre service public et le programme « réduisons nos déchets ! ») ont fortement mobilisé les services de la métropole, qui ne peuvent malgré tout pas faire l’économie d’autres actions d’amélioration constante du service, que ce soit sur les déchèteries de la métropole sur lesquelles nous avons continué d’investir (62000 euros dans de nouveaux locaux à Plougastel-Daoulas, 18000 euros au Spernot, 64000 euros à Plouzané pour des mises aux normes et des réfections de quais, 105000 euros au Spernot, au Vern et à Guipavas pour mettre en œuvre la vidéosurveillance, etc.), ou sur les points de collecte pour lesquels nous avons également investi plus de 300000 euros, avec le déploiement de 36 nouveaux conteneurs enterrés, dans le centre de Brest et à Kergoat.

Nous avons également suivi la modification des consignes de tri depuis le 1er juillet 2020 afin de faciliter le geste de tri et d’améliorer la qualité de celui-ci, mis en œuvre le programme européen « Interreg » de prévention de la pollution plastique, avec notamment des actions à destination des équipements sportifs afin de les inciter à améliorer le tri des déchets plastiques (bouteilles d’eau, etc.), renouvelé notre opération « Sapin Malin » de collecte et de broyage des sapins après la période de Noël, lancé une action sur le tri des petits métaux avec la commune du Relecq-Kerhuon, etc.

Enfin, une décision qui rejoint les sujets de transition énergétique évoqués plus haut : les véhicules de la collecte des déchets (bennes à ordures ménagères, camions-grues, etc.) roulent aujourd’hui à l’essence ou au diesel. Cet état de fait devra évoluer dans les années à venir et des solutions alternatives existent. Nous avons décidé d’amorcer la conversion en achetant 3 bennes à ordures ménagères roulant au bioGNV, moins polluantes et plus silencieuses.


Ce premier billet de blog était un peu long, j'espère que vous m'en excuserez : il ne donne pourtant qu’un maigre aperçu de la richesse et du foisonnement des sujets qu’une métropole comme Brest peut porter dans de nombreux secteurs d’activité.


Je vous donne rendez-vous en juillet 2022 pour mon prochain bilan d'activité annuel ! Bien sûr, d’ici là et à partir de la rentrée, j’alimenterai régulièrement ce blog afin de partager avec vous les nombreux sujets d’intérêt qui m'occupent. Bon été!

1 Comment


Arnold PAVLOVIC
Arnold PAVLOVIC
Aug 02, 2021

Très bonne idée ce compte rendu, cela permet de mieux se rendre compte des tenants et aboutissants des différentes problématiques et du temps qui y est consacré. Merci pour cette implication sans faille!

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